Un Saint Joseph

Publié le par SoLivingRoom

Une semaine nouvelle avec ce mardi soir une vieille rencontre. Voilà ce qui m’attendait après ma dernière connexion.

 

Mardi :

 

Le téléphone sonne, je regarde l’écran en sursautant sur mon fauteuil. Delphine. Je regarde la téléphone sonner en écoutant les voix se battre dans a tête. Une parle plus fortement que les autres et me demande d’avancer et d’assumer un peu tout ça pour Delphine. Alors je décroche calmement et résigné :

 

« Allo Delphine ? »

« Salut Lionel »

« Je te demande comment ça va ? »

« Oui »

« Alors … tu vas bien ? »

 

J’entends un soupir

 

« Ben écoute oui, je me demandais si je me mettrais à pleurer mais non »

 

Sa voix est souriante, et à l’air sincèrement soulagée.

 

« Lionel, j’ai besoin de récupérer une paire de papiers encore »

« Bien sûr »

« Ils sont dans une caisse … »

« Je te coupe, je sais où ils sont et j’ai tout gardé »

« Je les avais zappé »

« Ok »

« Je pensais venir ce soir avant de repartir pour Rouen »

« Rouen ? »

« Oui j’ai quitté Paris, Olivier m’avait dit te l’avoir dit »

« Juste que tu quittais Paris, donc ton taff … »

« Bon sinon ok pour ce soir à l’appart ? »

 

Là je me suis mis à penser à Hugo dans l’appart avec malaise.

 

« Je préfère que l’on se rejoigne dans un des café près du square si tu veux bien »

« Ah, je vois »

« Delphine … »

« Non non ça va t’en fais pas »

« Ok ? »

« Oui »

« Bon vers 20h ? »

« Lionel ? »

« Oui ? »

« Merci »

 

En rentrant je fume une cigarette et je file sous la douche. Hugo entre sous la douche et commence à me caresser l’entre cuisse.

 

« Hugo je dois filer amener des papiers à Delphine là »

 

Il est surpris

 

« Ben voilà seulement que tu me le dis ? »

« Ben je viens de rentrer »

« Oui »

« Un souci Hugo ? »

« Non, ça fait toujours bizarre »

« Pourquoi ? »

« Ben comme pour toi et Olivier »

« C’est à dire ? »

« Culpabilité »

« Ok »

 

Il repasse à l’attaque en m’enlaçant de plus belle

 

« Arrête Hugo »

« Tu bandes »

« Toi aussi »

« Je … »

« Non je t’arrête tout de suite, je suis déjà assez nerveux sans être en retard en plus »

« Nerveux ? »

« Oui »

« Moi aussi d’entendre ça »

 

Je me tourne sur lui

 

« Hugo ? »

« Quoi ? »

 

Il a toujours ce regard noir qui me bloque.

 

« Je t’aime »

« C’est cool »

 

Il sourit.

 

Je me prépare avec plutôt élégance, couleur sombre, pantalon de ville, chemise … Hugo semble être surpris.

 

« Quoi ? »

« Pour être nerveux tu l’es ! »

« Arrête »

« Ramène ton cul aussitôt STP »

 

Ca me fait rire. Il sourit.

 

L’énorme trieur-chemise en marche vers le café je me sens de plus en plus fatigué et crevé. Je crois que j’ai peur. C’est complètement con, je n’ai jamais eu peur de Delphine.

 

Je la vois assise en terrasse. Je reste figé par sa maigreur.

 

« Ben viens ! »

« Oui excuse, c’est … c’est … désolé »

« Je sais je suis pas belle à voir »

« Non c’est faux »

 

Elle est gênée aussi. Elle baisse ses yeux. Elle est magnifique, vraiment. Je vois bien qu’elle a maigri mais elle aussi prêté attention à elle avant de venir.

 

« Delphine ? »

« Oui ? »

« Je suis content de te voir »

« Moi aussi »

« Je … j’ai le trieur ici »

« Voyons ça »

 

Elle l’ouvre et reste concentrée. Quand je pense que je la regarde trop sa réaction est déjà là :

 

« Lionel, arrête de me fixer je vais me sentir mal s’il te plaît »

« Pardon, je … »

« Quoi ? »

 

Je soupire d’un coup

 

« Je te trouve très belle »

« Ah oui ? »

« Oui, désolé »

 

Elle referme le trieur en tenant 2 feuilles.

 

« Voilà c’est ça qu’il me fallait, va falloir que l’on complète d’autres doc pour les banques aussi »

« Oui »

« Lionel ? »

« Oui ? »

« Ca va ? »

 

Je me sens désarmé de la voir. Je savais que ça ne serais pas évident, mais là, elle, habillée en noir, avec ses cheveux qui se ballade et ses joues creusée. Je me rends compte à quel point elle m’a manqué.

 

« Oui ça va »

« Tu bois quelque chose ? »

« Tu as le temps ? »

« Bien sûr »

« Je vais prendre un … »

« un saint joseph »

« Euhh oui ok »

« Je sais que tu l’adores »

 

Les verres servis je me calmais et tira sur ma cigarette.

 

« Delphine je m’excuse encore »

« Ca va ca va ne remet pas ça »

« C’est juste que de te voir … ben je rends compte à quel point je t’apprécie »

« Merci »

 

Les larmes montent dans ses yeux

 

« Non ne pleure pas »

« Désolé mais toi aussi tu pleures »

 

Je ne m’en étais même pas rendu compte

 

« Ecoute, amis ? »

« Lionel … toujours aussi peur toi »

« Comment le sais tu toi ? »

« Je sais qui tu es, je sais que si tu as fait tout ça c’est qu’il y avait quelque chose. Tu n’as jamais aimé les grands changements »

« Je … »

 

J’éclate de rire en séchant mes yeux.

 

« Delphine, je sais pas quoi te dire »

« Y a rien à dire, buvons nos verres »

 

On se sourit. Je me sens apaisé.

On parle boulot, elle m’explique tous ces changements, elle exprime tout le désarroi qu’elle a traversé. Je baisse les yeux coupables. Et elle, elle sourit en  disant que c’est normal de souffrir dans ces cas là.

On se quitte plus tard que prévu. Des larmes coulent doucement. Nous nous faisons l’impression de deux amis inséparables. Mais rien n’a échappé, pas de promesses ou de mots trop fort.

 

En refranchissant la porte de l’appart je sens comme un vide. Je m’allume une énième cigarette. Hugo apparaît dans la portes de la chambre et me regarde appuyé sur le plan de cuisine.

Il me fait un sourire tendre.

 

« Ca va ? »

« Oui je pense »

« Allez viens »

 

J’écrase ma clope et me laisse aller dans ses bras. Je le pousse vers la chambre et l’allonge sur le lit en l’embrassant. Je le fixe dans les yeux.

 

« Je sais Lionel, ça me fait pareil avec Olivier »

« Pourquoi on parle jamais ? »

« Parce que t’aime pas ça »

« Mais si »

 

Je défait ma ceinture et descend mes lèvres sur ses tétons que je mordille. Il demande de calmer, et je redouble d’effort pour qu’il cède en passant à mon tour ma main entre ses jambes.

Jamais je l’ai senti si à moi qu’en lui faisant l’amour ce soir là. Au plus fort il m’a dit je t’aime.

 

Le lendemain je me suis présenté en retard au taff. Incroyable personne ne m’en a tenu rigueur.

 

Le reste de ma semaine s’est déroulée avec cette soirée en tête. Plusieurs fois Hugo m’a fait remarqué que j’étais ailleurs. C’est juste qu’avec le recul je me rends compte à quel point j’avais envie de la réconforter en la serrant contre moi, juste pour lui dire à quel point elle est bien et que je regrette qu’elle souffre.

 

Aujourd’hui dimanche un sms de Romu me demandant de pas être si distant. Là j’ai pensé à Jj qui me disait que j’avais fait le con. Il avait bien raison.

Publié dans Journal de bord

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J
<br /> oui je sais que j'avais raison !... quant à Delphine, une amie, juste une amie, c'est bien ! Les histoires d'amour qui se terminent mal ne sont pas forcément de mauvaises histoires d'amitié... J'en<br /> suis la preuve avec mon ex !<br /> Jj<br /> <br /> <br />
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