Contact retrouvé ?
Voilà me revoilà. On est dimanche et je viens enfin d’avoir un appel d’Hugo.
Il s’en est passé des choses.
Mon coup dur.
Le week-end précédent j’ai passé la journée de samedi avec Hugo. Nous faisions un peu le tour des magasins de la ville quand la fastidieuse question est arrivée :
« Lionel ? »
« Oui ? »
« Qu’est ce que t’as ? »
« Pourquoi ? »
« Te sens loin »
« C’est que je t’ai trompé »
Bon dieu, je ne pensais pas que ça sortirait aussi vite. A force de chercher mille manière de lui annoncer, je lui ais dit de la manière la plus simple … en marchant … le nez regardant la goudron.
Sa réaction ? Et bien il s’est tût.
« Putain »
« Hugo … J’ai merdé »
« Clairement »
Il devient rouge de colère
« Hugo … »
Il me coupe
« Ta gueule Lionel »
« … »
« Qui ? »
« Romu »
« Ha la vache ! Je le sentais pas lui »
« Hugo »
« Ta gueule, moi je me casse »
Il est parti. Là j’ai commencé à sentir une boule au bide. Les yeux mouille. Je comprends. C’est trop tard.
2h plus tard, à ne pas oser revenir, je jette les sacs dans l’appart.
Il est parti de là aussi. En même temps c’est sans surprise. Je m’en doutais bien depuis un moment de ce qui me pendait au nez.
Il y a un post-it sur la table : « J’ai mal, jamais j’aurais dû t’approcher connard »
Là je me suis à chialer, et j’ai essayé de trouver mon portable. Et au final je l’ai reposé et allumé une cigarette J’en avais assez fait.
Je me désappe pour essayer de retrouver mon sang froid. Habitude. Je laisse couler ensuite l’eau dans le bain où je m’enfonce toujours une cigarette à la main dépassant.
On frappe à la porte, c’est dimanche. Je ne veux pas me lever. Ca serait lui il pourrait rentrer. Je me renfonce dans mes fringues qui me servent de drap dans le canapé. J’y ai passé la nuit. On frappe encore. Je me rends compte en me réveillant que j’ai un peu trop forcé encore sur le vin rouge. Un mauvais pêché je sais. Mais là je me sens sacrément atteint.
Un sms, Hélène : Je sais que t’es là.
Je me lève quand même et vais lui ouvrir
« Oui ? »
« Putain mais habille toi merde quand tu ouvres ! »
« Excuse, entre »
« Mais t’as la gueule des grands jours ! »
« Qu’est ce qu’il y a ? »
« Qu’est ce qu’il y a Lionel ? Qu’est ce qu’il y a !!!! MAIS MERDE ! »
« Quoi ? »
Je m’enfile un caleçon et une chemise et je me sens bien faible. Elle par contre …
« Bon c’est bon ? »
« Oui, je t’écoute Hélène mais n’élève pas la voix tu sais que j’ai horreur de ça »
« Ok, reprenons calmement »
Elle a l’air bien plus énervé que je ne pensais et je commence à m’inquiéter. Je la vois respirer à fond et se servir un café.
« Lionel ? »
« Oui ? »
« Je t’ai toujours adoré et j’aimerais que tu m’expliques »
« Oui ? »
« Comment ça se fait que j’ai accompagné Romu aux urgences après qu’il se soit fait violemment cassé la gueule par ton Hugo qui m’a expliqué à mon arrivée que t’avais pas qu’à coucher avec cet enfoiré de Romu »
« Quoi ? »
« Romu et toi je savais, Romu s’est toujours confié à moi. Bien des fois je lui ai dit de ne pas y penser, que le Lionel était de toute manière avec Delphine, mais à l’arrivée d’Hugo dans ta vie, ça on peut le dire, ça a été un beau BORDEL »
« Vous faîtes chier Hélène »
« Pardon ? »
« Vous me faîtes chier »
« Ok »
« Si t’avais été honnête avec moi tu m’aurais dit depuis bien longtemps qu’il en pinçait pour moi ! »
« Ah oui ? »
« Oui ou non !! »
« Ouai, un point pour toi »
« Bon tu vois »
Je commence à réaliser ce que vient de faire Hugo,
« Hélène raconte moi »
« Ben hier je devais rejoindre Romu avant de partir à Orléans, on avait prévu d’y passer le week-end »
« Quand je suis arrivé, j’ai vu ton mec menacé Romu qui avait le pif en sang et la main sur la joue. Je suis rentrée dans l’appart, il m’a regardé furax et c’est cassé en me disant ça »
« Et Romu ? »
« C’est bon il a rien, enfin bien eu peur … »
« Oui j’imagine »
« Et donc ? »
« Ben j’ai dit à Hugo que j’avais couché avec Romu, et il m’a quitté, c’était hier »
« Bon »
« Bon »
« Arrête de faire cette gueule »
« J’ai été con, je vais voir Romu »
« Surtout pas »
« Pourquoi ? »
« C’est bon Lionel, je vais être direct, je peux ? »
« … »
« Je ne veux pas que tu t’approche de Romu, il est assez perturbé en ce moment. Je veux pas non plus que tu passes par moi, je suis assez blazée de ce que tu apportes ces temps ci. On verra plus tard »
« Mais Hélène ? »
« T’es un grand garçon, tu t’es toujours bien sorti, à une prochaine, je file »
Voilà la gueule du dimanche de la semaine passée. Je suis bien seul d’un coup. Pas réussi à bien me tenir le reste de la journée. Je suis resté enfermé.
Le lendemain, pas de boulot, j’ai prétexté la gastro.
Je me suis fait chier toute la semaine. Je n’ai pas réussi à rappeler qui que ce soit, et personne n’a vraiment cherché à me joindre.
Je commence à comprendre pas mal de chose dans ma petite tête.
Je commence à entrevoir tout ce que j’ai enfoui avant qu’Hugo réveille en moi cette envie de mec. Je me rends compte à quel point il est plus difficile pour moi de faire face à son absence qu’à celle de Delphine.
Rien à dire de vraiment intéressant. Les jours sont passés sur moi avec le seul but de me stabiliser les pensées. Les changements d’humeur devenant fatiguant. Surtout pour moi qui n’y suis pas habitué.
Au milieu de la semaine j’ai été jusqu’à la boîte aux lettres d’Hugo. Sur son post-it j’ai marqué « Je te demande pardon »
Aujour’dhui c’est à nouveau dimanche. Je suis en train de me gorgée de thé en regardant les conneries de téléachats. Le téléphone sonne, je vois sur l’écran les lettres formant le prénom d’Hugo. Je sens une tension courir. Je saisi l’appareil et décroche avec la peur de faire une mauvaise manip sur ces satanés Smartphones.
« Allo ? »
« …. »
« Hugo ? »
Ca raccroche
Je passe la journée à me retenir de rappeler.
C’est Hélène qui avait raison. Vaut mieux que j’arrête toutes mes conneries pendant un temps. C’est plus une vie que je mène. J’ai quitté trop mes principes d’écoutes et de respect. J’ai envie de vider cette merde dans ma tête. Je veux reprendre ce qui est moi à la normale. Redevenir quelqu’un cool, sérieux, et souriant.
On verra.