Je me lasse ?

Publié le par SoLivingRoom

Voilà, les jours passent et ça se complique. Comment pouvait il en être autrement de toute manière je commence à être habitué.

 

A la vue de la soirée avec Simon je me tends. Je me dis que je psycotte. Qu’il faut que j’arrête de voir en ses sourires quelques choses d’autre que de l’amitié. Au boulot je le croise que peu, heureusement on est pas dans les mêmes lieux.

 

Quand je rentre maintenant chez moi je reprends un tas de lecture pour me passer le temps et je me concentre sur la bouffe. Histoire de ne pas devenir dingue. Je continue de me sentir un peu seul. Le pire je crois que c’est Romu. Il commence sévèrement à me manquer. Je regrette vraiment tout ça. Et après ce que m’a dit Hélène je n’ai pas le courage de reprendre le contact. En plus j’ai dans la tête nos derniers actes au lieu de l’image de nos soirées à refaire le monde.

En tout cas maintenant je sais faire un bœuf bourguignon.

 

Mercredi qui suivi le jour férié,

 

Un sms d’Olivier me demande de confirmer notre soirée, je confirme. En validant l’envoi du message mon cerveau se réveille et se demande pourquoi je suis inquiet.

Je crois que je me refuse de le regarder comme il est collègue et père de famille. Donc … oui. Je dois l’admettre il me plait bien plus que je ne l’écris. Je n’arrête pas de le voir me sourire.

 

Je rentre tranquillement, l’idée de me détendre. C’est vraiment un plaisir d’être seul pour un truc : le silence. Le silence me fait plaisir. Une fois dans les draps certains soirs, je tourne les pages de mon bouquin en sentant presque le grain du papier se retenir entre les pages à chaque balayage.

 

Le vibreur du téléphone se fait sentir dans ma poche.

 

« Je sais pas si t’es chez toi, je suis devant ta porte »

 

C’est Hugo. Mon cœur se serre à l’idée de Simon qui arrive. Il n’arrive pas avancer. J’envois un sms directement à Simon pour annuler la soirée suite imprévu. Il téléphone aussitôt.

 

« Ya un gros souci ? »

« C’est mon ex, il est devant chez moi, désolé »

« Il veut revenir ? »

« Non, on a rompu en attendant je suis coincé »

« Ok, on remet ça à demain si tu veux ? »

« Ok ! Merci »

 

Je monte l’escalier et j’entends la voix d’Hugo.

 

« Cool tu es là »

 

Il est incroyablement beau. Il me fixe.

 

« Salut »

« Salut »

« Je … »

« Tu veux un verre ? »

« Ouai avec plaisir »

 

On s’installe au salon, je lui donne son verre en main. Il tremble légèrement, il est troublé.

 

« Tu n’es pas trop crevé ? »

« Non ça va, ca te dit un plat surgelé ? Hachi parmentier ?»

« Oui »

« Ca va Hugo ? »

« Oui … non en fait »

« Moi ? »

« Oui »

« Hugo, va falloir avancé bonhomme »

 

Il me fixe

 

« Je t’aime »

« C’est fini Hugo »

« Je sais »

 

Il éclate en sanglots au point où son nez se met à couler d’un coup. Je me sens piqué. Je le serre par les épaules.

 

« Pleure pas mec »

« J’y arrive pas, j’y arrive pas sans toi »

« Arrête, tu vas pas fort en ce moment et tu penses que c’est moi »

« Non c’est toi »

« Arrête de pleurer j’ai pas l’habitude avec toi »

« Tu es le seul mec qui sait prendre soin de moi, je veux plus des autres »

« Arrête dis pas n’importe quoi »

 

Il tremble de plus en plus, je le tiens par les épaules. Je commence à comprendre qu’il y a un truc, il n’est pas normal, ce n’est pas son style.

 

« Hugo qu’est ce que t’as ? »

« Lionel … »

 

Il détourne son regard.

 

« Hugo !! Respire, je suis là »

« Je sais »

« Qu’est qu’il y a bordel ? »

« Rien »

« Arrête tes conneries si il y a quelqu’un qui peut t’écouter c’est moi ! »

« J’ai fait le con c’est tout, ai voulu t’oublier, y arrive pas »

 

J’ai du mal à le comprendre et lui tend un essuie tout

 

« Continu »

« Je suis tombé sur un connard c’est tout »

« C’est à dire Hugo ! »

« Il … J’ai flippé »

« QUOI BORDEL ? »

« RIEN ! On baisait, ce con c’est emballé, il s’est montré con, m’a fait mal »

 

Je soupire.

« Il t’a violé ? »

« Non c’était dans l’action … je ne suis qu’une merde »

« Arrête de dire de la merde, calme toi, reprends une cloppe »

 

Le silence revient, il se calme, j’allume ma cloppe à mon tour. J’ai les nerfs de le savoir se laisser aller avec des cons.

 

« Lionel ? »

« Oui ? »

« Je peux dormir là ? »

 

Je le sentais venir

 

« C’est ok, je vais te chercher un oreiller et une couverture »

 

Sa tête tombe, il est déçu.

 

« Ok »

« Je bosse demain, je ne vais pas rester long avec toi, on mange tranquille et on file dormir, ça ira ? »

« Lionel ? »

« Dis moi »

« Merci »

« Tu veux en parler ? »

« Non »

 

Il a à peine mangé. Je suis resté assez distant le reste de la soirée, j’arrêtais pas de me demander si c’était une excuse bidon où si ça avait été loin sa mauvaise rencontre.

Cette nuit là j’avais l’oreille tendue vers le salon. Le temps de comprendre, le réveil se mit à sonner. Le matin déjà.

J’entends la douche. Je m’installe au salon, il sort. Il est habillé, là je comprends que je viens de regagner son respect, ou qu’il est pas au mieux. Habituellement il aurait fait le fier en se baladant à poil pour m’attiser.

 

« Bonjour »

« Salut, bien dormi ? »

« J’aurais pu mieux, mais c’était cool merci. La douche est libre »

 

En ressortant de la salle de bain je le vois en train de reposer sa tasse en enfilant sa veste.

 

« Déjà parti ? »

« Oui »

 

Des larmes remontent dans ses yeux. Je craque.

 

« Hugo par pitié, qu’est ce que t’as ? »

« Rien mec, y a que je t’aime vraiment »

 

Il se barre. Je souffle un gros coup. J’ai l’impression qu’il se perd ce con. Je reconnais des états d’errance dans lequel j’étais plus jeune, je me dis que ça lui passera pour attaquer ma journée. Ca m’a remué de le revoir. Mon attirance pour lui a du mal à s’éteindre. Jamais je l’ai vu si fébrile … Quoiqu’en y repensant, avant qu’on soit ensemble il se mettait dans ce genre d’état. J’aimerais bien qu’il trouve sa paix. Le voir avec des larmes je déteste.

 

La journée passe au bureau, sans sourciller, je tiens le timing. Je reçois à nouveau un sms d’Hugo avec trois points de suspension. C’est ce que je lui envoyais quand j’avais juste une pensée pour lui.

 

Simon entre dans le bureau, je sursaute.

 

« Putain tu m’as fait peur »

« Désolé, les portes en verre c’est sinistre »

« Ca va ? »

« Ouai ça va, j’ai fini ma journée, tu décolles à quelle heure déjà ? »

« Dans une demie heure, je suis vanné »

« Je passe un autre soir si tu veux ? »

« Non c’est cool ça ira »

« Cool à tout à l’heure »

 

Il sourit et me glisse à nouveau un clin d’œil. Je me pince les lèvres entre elles. Pas moyen, ne veut pas devenir parano.

 

Une fois chez moi je lance la cuisson des pizzas et file sous la douche. Il arrive.

Il s'intalle, on attaque quelques bavardages. Les minutes ont beau tourner, je ne me sens pas à l’aise à mon tour. Je le trouve trop souriant. Je m’installe à côté de lui. Je vois ses yeux qui me fixent toujours quand il me parle. Trop fixe.

 

« Qu’est ce que t’as Lionel ? »

« Euh pardon j’étais dans mes pensées »

« Des soucis avec ton ex ?»

« Non des conneries, c’est juste … »

« Oui ? »

 

Je m’arrête, je commence à paniquer il me sourit, je crois qu’il a compris qu’il me trouble. Je me suis vendu comme un con en rougissant.

Je me lève histoire de faire semblant d’aller chercher un truc

 

« Lionel ? »

« Oui ? »

« Tu as peur que je te saute dessus ? »

« Quoi ?! »

« Arrête ! Tu me fuis depuis que je suis arrivé ! »

« Non je t’assure, je … suis juste ailleurs »

 

Je reviens avec un verre à ma place. Et voilà je savais que je me plantais pas, il me prend la main qui tient le verre, appuie avec l’autre sur la cuisse et penche le visage pour m’embrasser. Il s’arrête et me fixe, il est nerveux. Il recommence avec plus de force. Je sens sa langue, je le laisse la glisser en respirant profondément.

 

« Simon »

« Je sais »

« Mais qu’est ce que tu fais ? »

« Je t’embrasse »

« Je vois bien »

 

Il pose le verre, m’allonge et m’enlace.

 

« Tu devrais arrêter »

« Toi aussi alors »

 

On a passé près d’une heure comme ça à se regarder en s’embrassant. J’étais tellement excité que je sentais que je mouillais. D’ailleurs lui aussi.

On se met à chuchoter :

 

« Lionel tu me plais »

« Je vois ça »

« J’adore t’embrasser »

« Ouai mais … »

« Je sais je devrais pas »

« Ca devient compliqué là »

« Je sais pas pourquoi »

« De quoi ? »

« Que j’ai envie de toi comme ça »

« C’est depuis que je te l’ai dit ? »

« Oui et non »

« Bon »

« Je suis bien là »

« Tu vas me rendre dingue Simon »

« Toi aussi putain »

« Tu sais je suis pas un habitué »

« Et moi donc t’es le premier mec que je touche »

« Vraiment ? »

« Oui, c’est ton côté relax avec ça qui aide »

 

On reste silencieux. J’ose à peine laisser courir mes mains sur lui. En tout cas j’en sens assez pour savoir qu’il est sacrément bien fait.

On finit par se rassoir.

 

« Je ferais mieux de rentrer avant qu’elle se pose des questions »

« Ok »

« Ca reste entre nous »

« Détends toi, il s’est rien passé »

 

Il sourit et reprends ses affaires.

 

Je me suis allongé après sur mon lit en laissant tout en plan. Je ne savais pas si je devais être heureux ou pas. J’ai adoré. On n’a même pas diné la pizza.

 

Les jours suivant j’ai compris la peur que j’avais. Je le croise au boulot, il m’évite. Je n’essaye pas de le suivre ou de le croiser. Je me résigne. Le pire c’est que ça me fait chier.

Le week-end arrive enfin. Voilà, plus rien à faire. Je me rends compte après un thé vert le matin pas réveillé que je suis encore en train de devenir fou. Je regarde dans mon téléphone. Je vois le nom de Laura. Avant de rencontrer Delphine elle faisait partie des amies que je voyais pour sortir le soir. On adorait les soirées concert, mais y a de ça au moins 7 ans.

 

Je tapote son nom quand même. Un samedi à 10h30 y a mieux à faire …

 

« Allo ? »

« Laura c’est Lionel »

« Lionel … »

« Ben alors !! Ca fait loin mais tout de même !!! »

« Lionel !!!! Waaaaa ça remonte ça !!! »

« Oui !! »

 

Je sens le sourire remonter

 

« Comment tu vas ?!! »

« Pas très bien pour tout te dire et du coup en prenant mon téléphone histoire de bouger un peu je me suis arrêter sur toi »

« T’as de la chance que je l’ai encore !! Je suis trop contente !! »

 

J’entends un enfant derrière, je saisi de suite.

 

« C’est ma pitchoune !! Mariés et 2 enfants !! »

« Ah oui !! »

« Eh oui ! Tu es toujours à Paris ? »

« Pas toi ? »

 

Au fil de la conversation, j’ai appris qu’elle était maintenant à Rouen, qu’elle était sans boulot mais que son homme en gagnait assez. Elle me paru toujours aussi cool et ouverte. Quand je lui ai expliqué moi, c’était space. Elle a tout écouté sans sourciller.

2h plus tard j’avais la voiture et je décollais avec ma valise à Rouen.

 

Ca a été salvateur. Elle n’avait pas changé, bon ok j’exagère elle a pris des pattes d’oie.

Son mari était super ouvert et amusé de rencontré quelqu’un du passé de sa femme. Par contre les gosses étaient intenables. En se baladant du côté de Dieppe le dimanche elle m’a posé une question qui m’a un peu retourné :

 

« Au final, après toute ces années, tes aventures, tes expériences et ton recul Lionel … »

« Oui ? »

« N’étais tu pas mieux avec Delphine ? »

« Je ne sais plus Laura »

« Quoi qu’il en soit je suis contente que tu ai repris le contact »

« Moi aussi »

« Tu as vu la maison, elle est immense, quand à mon mari il t’apprécie »

« Parce qu’il ne sait rien de tout ce que je te raconte »

« Faux, je lui ai tout expliqué hier soir »

« Ah oui ?! »

« Bien sûr, on est pas si différents d’avant, je ne serais pas resté avec un con Lionel !! Tu es le bienvenu, le temps de te remettre, Paris n’est pas loin et moi j’adore refaire le monde avec toi »

« J’ai pas envie d’abuser »

« Fait le c’est tout, je sais que c’est pas bon d’être trop seul, puis pour Romu et Hélène, ils reviendront, je me souviens d’eux »

 

En rentrant en voiture je me suis dit qu’il n’y avait pas mort d’homme dans toutes ces affaires et que je ferais mieux d’arrêter de réfléchir seul comme un con.

 

Les jours qui suivirent cette escapade m’ont paru bien plus faciles.

 

Le mercredi se pointa pourtant.

 

De nouveau je vis Simon entrer dans le bureau.

 

« Salut »

« Salut »

« On se fait notre soirée ? »

« Je sais pas Simon »

« Pourquoi ? »

« Parce que c’est pas très sain peut être » 

 

Je vois son visage se fermer.

 

« Simon … on reste pas une heure à rouler des pelles à un pote ! »

« Ouai »

« Simon je sais pas quoi te dire »

« Je viens ce soir à 20h s’il te plaît »

« Ok »

 

Je tourne mon fauteuil une fois qu’il est sorti et souffle un coup. Il va falloir que j’apprenne à dire non. Je n’ai pas arrêté de penser à lui et ses charmes de métissé martiniquais.

 

En ouvrant la porte ce soir là il était tout penaud.

 

« Ca va ? »

« Mouai, je m’en veux »

« Ben écoute c’est cool au moins tu sais en parler Simon »

« Oui t’as raison »

 

Je lui sert un verre du vin que je viens de déboucher

 

« Ecoute Simon, je t’aime bien mec, souris, ça vaut pas la peine de dramatiser »

« Cool, parce que j’avais un peu les boules avant de venir »

 

Son sourire revient et ce soir là je me suis mis à discuter sérieusement avec lui.

 

« Alors qu’est ce que tu m’as fait à plus me parler pendant une semaine »

« Ben j’arrêtais pas de me dire que si je te voyais que ça se verrait »

« Tu trouves que je l’affiche ? »

« Non du tout, mais peur que ça se sache »

« Je vois, pourtant t’es venu tout à l’heure »

« Ben j’avais envie »

« Bon et tout roule au final ! »

« Tu trouves ? »

« Oh moi depuis tout ce que j’ai fait depuis le départ de Delphine maintenant … »

« Ouai mais ça a pas l’air de te tourmenter »

« Ben j’ai pas d’enfant, et je ne suis pas marié »

« Toi tu sais faire mal »

« Ben y a de ça quand même, met toi aussi à ma place »

« Elle est en train de demander le divorce »

 

Là d’un coup j’ai pris peur, je sais pas pourquoi, je me disais que sa situation me préservait. Je regardais le vin dans mon verre en me demandant comment enchaîner.

 

« T’as l’air étonné, je t’avais dit que ça n’allait plus »

« Oui c’est vrai »

« Qu’est ce qu’il y a Lionel ? »

« Ben y a que je t’aime bien Simon »

 

Il me sourit et commence à s’approcher

 

« Non Simon »

« Quoi ? »

« Non, j’en crève d’envie mais non »

« Pourquoi ? »

« Ben parce que je me dis que de me laisser aller comme un con m’a rapporté que de la merde ces derniers temps, je suis désolé »

« Je croyais que »

« Tu croyais bien, c’est juste que je me suis foutu assez en l’air ces derniers temps, j’en ai marre de me ramasser la gueule dans une vie qui ne ressemble plus à rien. Tu sais ce qui me manque depuis Delphine ? »

« Vas y »

« La complicité, le côté tranquille »

« Ben la complicité on l’a ? »

« Simon »

« Je sais mec, j’avais pas prévu, le truc c’est que j’aime bien avec toi »

« Ecoute, on arrête de se prendre la tête, on se matte un film »

 

La soirée a fini comme ça. Il s’est rapproché, on s’est foutu l’un contre l’autre, et rien de plus.

Il reparti vers les 1h du matin.

 

Depuis je n’ai plus de news.

 

Jamais je pensais que je me perdrais comme ça dans ma tête. C’est hallucinant la vitesse où s’enchaînent les choses. J’ai hésité à retourner ce week-end chez Laura. Au final, je me suis fait un ciné, bu un café tout seul pour réfléchir, acheté quelques fringues. Je n’ai plus de nouvelles d’Hugo. Je ne regrette pas d’avoir stoppé Simon. Je suis même vachement fier ! Ca devient trop le bordel. Delphine me manque. Je sais pas pourquoi, j’ai envie de la voir, de lui parler.

Cette après midi je vais continuer à me vider la tête en allant me refaire un ciné. Contagion, ce n’est pas ça qui va me remonter le moral !!

 

 

Publié dans Journal de bord

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J
Je n'avais pas vu cet article que je viens de lire, probablement dans mes mails que j'ai supprimés en sortant de l'hôpital après ma dernière crise cardiaque. Désolé de n'avoir pas été aussi fidèle<br /> que pour les autres articles. J'espère que tu vas bien et que tu auras d'autres moments à me raconter !<br /> Bonne journée,<br /> Jj
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